De l’espace au sous-sol : 75 ans de recherche lorraine en géosciences

Depuis le milieu du 20ème siècle, les activités de recherche en Géosciences du site nancéien sont ancrées dans une histoire continue, avec les structures mises en place par Marcel Roubault autour de l’École Nationale Supérieure de Géologie (ENSG).

Rencontre avec Raphael Pik, directeur du pôle scientifique et l’OSU Otelo (CNRS/Université de Lorraine)

Depuis combien de temps la recherche en géosciences est-elle une thématique forte du site nancéien ?

Dès la fin des années 40 et jusque dans les années 60, plusieurs laboratoires furent créés sur le site de Brabois dans le cadre d’une action immobilière ambitieuse et pionnière, en collaboration avec les organismes nationaux comme le CNRS, le CEA et le bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) : La Station Pilote de Préparation des Minerais et le Centre de Recherche en Radiogéologie (CRR), dépendants de l’ENSG et de l’Université de Nancy, et le Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques (CRPG). Ce dernier accompagna la vague de développement régional amorcée par le tout jeune CNRS, et restera une Unité Propre de Recherche (UPR) jusqu’en 2013.

Cette époque pionnière a initié une culture de la recherche sans cesse entretenue par les acteurs dans les laboratoires afin de pousser l’innovation scientifique, mais également par plusieurs dirigeants éclairés qui dès les années 80 fédèrent ces structures pour permettre de relever l’évolution des défis de la recherche. D’abord au sein de l’Institut Lorrain des géosciences (ILG), celle-ci s’est étendue à l’environnement à la fin des années 90 avec la Fédération Eau Sol Terre (FR-EST), pour aboutir en 2010 à la création de l’Observatoire Terre Environnement de Lorraine (OTELo), Observatoire des Sciences de l’Univers (OSU) et pôle de l’Université de Lorraine, plaçant cette communauté scientifique et tous les projets transversaux associés (i.e. Labex, Equipex, isite-LUE), en position de force pour relever dans un paysage national et international les défis des changements et transitions qui nous font face.

Quels sont les marqueurs thématiques de cette recherche ?

Ces activités de recherche ont toujours été conduites depuis les années 50 en étroite association avec la mise en œuvre de moyens analytiques et instrumentaux importants, grâce au soutien constant des partenaires académiques (CNRS-INSU, Université, Europe), territoriaux (Région, Métropole du Grand Nancy) et industriels, pour faire du site Lorrain le premier pôle de l’infrastructure de recherche nationale RéGEF (réseau Géochimique et Expérimental Français). Ce positionnement et ces expertises en géochimie et minéralogie ont permis de développer des recherches académiques et fondamentales de pointe pour d’abord décrire le fonctionnement du système Terre, et notamment la formation de la croûte continentale, des magmas et des fluides profonds associés, puis ont été complétées dans les 20 dernières années par des recherches innovantes et reconnues dans les domaines de l’érosion et de la formation du système solaire notamment. Au tournant des années 80, cette expertise a amené une partie de la communauté scientifique spécialiste des fluides géologiques à créer une structure partenariale avec le CEA, la Cogema et d’autres compagnies minières, le Centre de Recherche sur la Géologie de l’Uranium (CREGU).  Depuis, la recherche partenariale dans le domaine des géosciences et des énergies représente une partie importante de l’activité du site Lorrain au travers d’unités de recherche spécialisées, dont la plus récente, GeoRessources, qui occupe une place nationale et internationale de premier plan.

Comment qualifieriez-vous la recherche nancéienne en Géosciences ?

Ces différents développements au cours des dernières décennies, permettent aux Géosciences nancéiennes de fonctionner avec deux facettes très complémentaires mariant ainsi recherche fondamentale et partenariale chacune au plus haut niveau scientifique, ceci dans un continuum de positionnement et de développement analytiques et expérimentaux qui représentent la force du site et de son image.